Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/414

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leur manière de sentir, un grand nombre de choses communes ; celles-là se rapportent à la nature humaine générale : mais il y en a plusieurs essentiellement différentes ; et ce sont ces dernières qui tiennent à la nature particulière des sexes. Le point de vue sous lequel les objets se présentent à nous, ne peut manquer d’influer beaucoup sur le jugement que nous en portons : or, indépendamment de ce que la femme ne sent pas comme l’homme, elle se trouve dans d’autres rapports avec toute la nature ; et sa manière d’en juger est relative à d’autres buts et à d’autres plans, aussi bien qu’elle se fonde sur d’autres considérations.

Jugeant différemment des objets qui n’ont pas le même genre d’intérêt pour elle, son attention ne fait pas entre eux, le même choix ; elle ne s’attache qu’à ceux qui ont de l’analogie avec ses besoins, avec ses facultés. Ainsi, tandis que d’une part, elle évite les travaux pénibles et dangereux ; tandis qu’elle se borne à ceux qui, plus conformes à sa foiblesse, cultivent en même temps l’adresse délicate de ses doigts, la finesse de son coup d’œil, la grâce de tous ses mouvemens : d’autre part, elle est justement effrayée de