Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/522

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empreinte particulière à toutes les habitudes ; qu’entre l’homme qui sent vivement, ou profondément, et celui qui ne vit que par l’exercice, ou la conscience de sa force extérieure, il y a des différences fondamentales ; que leurs mœurs doivent sembler quelquefois, appartenir à peine au même système d’existence ; qu’enfin le temps et la pratique de la vie, en développant, en fortifiant leurs caractères divers, ne font que rendre plus sensible cette ligne de démarcation.

Il en est de la force physique comme de la force morale : moins l’une et l’autre éprouvent de résistance de la part des objets, moins elles nous apprennent à les connoître. Nous avons presque toujours des idées incomplètes, ou fausses, de ceux sur lesquels nous agissons avec une puissance non contestée : nous ne sentons pas le besoin de les considérer sous tous leurs points de vue. L’habitude de produire de grands mouvemens, de tout emporter de haute lutte, et le besoin grossier d’exercer sans relâche des facultés mécaniques, nous rend plus capables d’attaquer que d’observer ; de bouleverser et de détruire, que d’asservir doucement, par l’application des lois de la nature,