Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/536

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bien tachetées, que des citoyens sages et bons !

Il est temps, à cet égard comme à beaucoup d’autres, de suivre un système de vues plus digne d’une époque de régénération : il est temps d’oser faire sur nous-mêmes, ce que nous avons fait si heureusement sur plusieurs de nos compagnons d’existence, d’oser revoir et corriger l’œuvre de la nature. Entreprise hardie ! qui mérite véritablement tous nos soins, et que la nature semble nous avoir recommandée particulièrement elle-même. Car, n’est-ce pas d’elle en effet, que nous avons reçu cette vive faculté de sympathie, en vertu de laquelle rien d’humain ne nous demeure étranger ; qui nous transporte dans tous les climats où notre semblable peut vivre et sentir ; qui nous ramène au milieu des hommes et des actions des temps passés ; qui nous fait coexister fortement avec toutes les races à venir ? C’est ainsi qu’on pourroit à la longue, et pour des collections d’hommes prises en masse, produire une espèce d’égalité de moyens, qui n’est point dans l’organisation primitive, et qui, semblable à l’égalité des droits, seroit alors une création des lumières et de la raison perfectionnée.