Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/599

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aiguës singulières, dans lesquelles on voit naître et se développer tout-à-coup, des facultés intellectuelles qui n’avoient point existé jusqu’alors. Car, si les fièvres graves altèrent souvent les fonctions des organes de la pensée, elles peuvent aussi leur donner plus d’énergie et de perfection : soit que cet effet, passager comme sa cause, cesse immédiatement avec elle ; soit que les révolutions de la maladie amènent, ainsi qu’on l’a plus d’une fois observé, des crises favorables qui changent les dispositions des organes des sens, ou du cerveau, et qui transforment, pour le reste de la vie, un imbécille en homme d’esprit et de talent.

Je crois devoir citer encore ces altérations que produisent, non-seulement dans les idées, ou dans les penchans, mais dans les habitudes instinctives elles-mêmes, certaines maladies éminemment nerveuses ; comme par exemple, la rage, dont, à raison de ce phénomène, on ne peut douter que le virus n’agisse directement et profondément sur le système cérébral. Nous avons vu, dans le premier Mémoire, que ce virus développe quelquefois chez l’homme, l’instinct et les appétits du loup, du chien, du bœuf, ou de