Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/80

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ce beau génie. On le sent avec évidence : c’est dans l’étude des faits physiques, qu’Aristote avoit acquis cette fermeté de vue qui le caractérise, et puisé ces notions fondamentales de l’économie vivante, sur lesquelles sont établies et sa méthaphysique et sa morale. Aucune partie des sciences naturelles ne lui étoit étrangère : mais l’anatomie et la physiologie, telles qu’elles existoient alors, l’avaient particulièrement occupé.

Épicure ressuscita la philosophie de Démocrite : il en développa les principes ; il en agrandit les vues ; et il fonda la morale sur la nature physique de l’homme. Mais le malheur qu’il eut de se servir d’un mot qui pouvoit être pris dans un mauvais sens, déshonora sa doctrine aux yeux de beaucoup de personnages plus estimables qu’éclairés, et l’altéra même, à la longue, dans l’esprit, et peut-être même dans la conduite de plusieurs de ses sectateurs.

Pour suivre les progrès de l’art du raisonnement, il faut passer tout d’un coup d’Aristote à Bacon. Après quelques beaux jours, qui n’étoient, à proprement parler, que l’aurore de la philosophie, les Grecs tombèrent dans des subtilités misérables. Aris-