Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/81

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tote, malgré tout son génie, y contribua beaucoup ; Platon encore davantage. Les rêves de Platon, qui tendoient éminemment à l’enthousiasme, s’allioient mieux avec un fanatisme ignorant et sombre : aussi les premiers Nazaréens[1] se hâtèrent-ils de fondre leurs croyances avec le platonisme, qu’ils trouvoient établi presque par-tout. Le péripatétisme exigeoit des esprits plus cultivés. Pour devenir subtil, il faut y mettre un peu du sien : pour être enthousiaste, il suffit d’écouter et de croire.

Les doctrines d’Aristote ne reparurent que du temps des arabes, qui les portèrent en Espagne avec leurs livres ; de-là, elles se répandirent dans tout le reste de l’Europe.

Ce qu’Aristote contient de sage et d’utile, avoit disparu dans ses commentateurs. Son nom régnoit dans les écoles : mais sa philosophie, défigurée par l’obscurité dont il s’étoit enveloppé lui-même (et quelquefois à dessein), par les méprises des copistes, par les erreurs inévitables des premières traductions, par les absurdités que chaque nouveau maître

  1. Secte de chrétiens-juifs, dont Cérinthe, le même qui joue un rôle si singulier dans Pérégrinus de Wieland, étoit le chef.