Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/96

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de soin et d’opiniâtreté, ne sauroit leur convenir ; ils en sont entièrement incapables.

D’autres hommes, avec une physionomie plus hardie et plus prononcée, des yeux étincelans, un visage sec et souvent jaune, des cheveux d’un noir de jais, quelquefois crépus, une charpente forte, mais sans embonpoint ; des muscles vigoureux, mais d’une apparence grêle ; en tout, un corps maigre et des os saillans ; un pouls fort, brusque, dur : ces hommes, dis-je, montrent une grande capacité de conception, reçoivent et combinent avec promptitude beaucoup d’impressions diverses, sont entraînés incessamment par le torrent de leur imagination, ou de leurs passions. Des talens rares, de grands travaux, de grandes erreurs, de grandes fautes, quelquefois de grands crimes : tel est l’apanage de ces êtres ou sublimes, ou dangereux. Ils veulent tout emporter par la force, la violence, l’impétuosité : mais leur imagination, qui les promène sans cesse d’objets en objets, de plans en plans, ne leur permet guère d’exécuter avec patience et dans le détail, ce qu’ils conçoivent avec audace et dans l’ensemble. Ils ne sont pas incapables d’opiniâtreté ; mais ils ne la montrent