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VIES PARALLÈLES DE M. LANSON ET DE M. ANDLER


de marquer dans ce Brunetière que je ne suis pas près de donner. Seulement il était honnête ; et c’est cela qui les gênait.

On ne peut même pas dire, ce serait une mauvaise défense mais enfin ce serait une défense, ils ne peuvent même pas dire qu’en combattant sournoisement Brunetière, en évinçant sournoisement Brunetière ils combattaient, ils évinçaient un adversaire et un ennemi. Ils reniaient leur auteur et leur père. Brunetière était un homme de chez eux, un homme d’eux ; ou plutôt et plus exactement encore eux étaient des hommes de Brunetière. C’est ce que j’avais montré dans ce travail, et ce qu’il était facile de montrer. Ce grand chrétien, ce grand catholique, et surtout ce grand stoïcien était originairement et au fond et resta toujours un homme de la mentalité scientifique. Car enfin c’est lui, avec son évolution des genres, qui avait inventé de mettre le génie en histoire naturelle. Or ce n’est pas seulement cela qui est faux, c’est cela qui est dangereux. Il y a des parentés profondes entre le génie et la grâce. Elles, (le génie et la grâce), elles n’ont point seulement le même mode, le même imprévu incalculable, et le même jaillissement. Elles ont la même origine, étant de deux créations, étant deux créations fort apparentées. Elles ont deux sources apparentées et ce même mode de sourcement et de ressourcement. Elles ont cette même gratuité. Elles ont ce même découlement. Elles ont ce même arbitraire. Elles ont ce même poussement. Elles ont dans l’humanité, et quelquefois dans l’homme, ce même battement d’intermittence. Elles ont le même coup de portée. Je l’ai dit souvent, leurs querelles sont la même, ou du moins ce sont des querelles fort

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