Page:Cahiers de la Quinzaine - 8e série, numéros 1 à 3, 1906.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’entends des historiens qualifiés ou professionnels.

Et c’est peut-être parce que Taine et Renan n’étaient pas autant qu’on le croit, autant qu’eux-mêmes le croyaient, aussi proprement, aussi purement, aussi seulement des historiens qualifiés et professionnels qu’ils nous furent alors de quelque secours, nous étant de quelque utilité.

Mais les vrais historiens qualifiés ; les vrais historiens professionnels vraiment ?

L’immense majorité des historiens se recrutent aujourd’hui dans les fonctions de l’enseignement ; et comme il n’y a rien de si contraire aux fonctions de la science que les fonctions de l’enseignement, puisque les fonctions de la science requièrent une perpétuelle inquiétude, et que les fonctions de l’enseignement au contraire exigent imperturbablement une assurance admirable, il n’est pas étonnant que tant de professeurs d’histoire n’aient point accoutumé de méditer sur les limites et sur les conditions de la science historique.

C’est à peine s’ils font de l’histoire, s’ils peuvent en faire, s’ils sont outillés, situés pour en faire ; ne leur demandons point de faire de la critique, de la philosophie, de la métaphysique. Tenons-nous-en à l’histoire.

Ceux qui appartiennent à l’enseignement primaire sont officiellement chargés, sous le gouvernement des préfets, leurs supérieurs hiérarchiques, d’enseigner au peuple une histoire gratuite, laïque et obligatoire ; sous le gouvernement de la République ils sont tenus d’enseigner au peuple une histoire de défense républi-