Page:Cahiers de la Quinzaine - 8e série, numéros 1 à 3, 1906.djvu/236

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C’est pourtant cette ignorance qui paraît le plus communément requise par le gouvernement de l’État pour le choix des fonctionnaires qu’il nomme et qu’il prépose à l’enseignement d’État d’une histoire d’État.

Combien plus intéressants, et combien plus utiles, généralement et encore beaucoup plus pour ce que nous voulons faire, ces jeunes professeurs des lycées et des collèges qui osant aller travailler dans les provinces, et abordant la vie de front, commencent par savoir d’une incommunicable expérience personnelle, — d’homme et de citoyen, — ce que sont les réalités de la famille et de la cité, commencent par savoir de cette expérience présente ce que c’est que le présent, avant de remonter, ainsi éclairés, à quelque étude, à quelque recherche, à quelque essai de connaissance et ainsi, eux seuls, à quelque connaissance du passé. Ces hommes, et non d’autres, sont vraiment les véritables réserves de la science, du travail historique, ces hommes et non point ceux qui se poussent de séminaire en séminaire. Ceux-ci, qui sont près de nous, et non point les antres, sont les ressources véritables et autochtones, et qui jaillissent du sol, et quand on voudra quelque peu ranimer un enseignement supérieur devenu languissant, et un travail scientifique devenu languissant, c’est d’abord et surtout à l’enseignement secondaire, conclusion paradoxale, qu’il faudra que l’on redonne de la vie ; mais il ne demande que cela ; quand on voudra récolter des moissons de science un peu moins cinéraires, c’est au personnel actuel de l’enseignement secondaire qu’il faudra les demander. Ce n’est point en multipliant les internats, les instituts,