Page:Cahiers de la Quinzaine - 8e série, numéros 1 à 3, 1906.djvu/239

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à quelque vérité qu’un homme qui n’a que des instruments, manquant de probité.

De très grandes découvertes scientifiques, les plus grandes peut-être, au moins jusqu’ici, ont été faites avec des instruments qui aujourd’hui nous paraissent grossiers. De grandes découvertes historiques aussi ont été faites avec des instruments relativement grossiers.

À quel point tous les instruments du monde, modernes, et tous les appareils, quand la probité est nulle, ne servent plus de rien, ne servent pas de rien, comme disait le vieux, à quel point en un mot, — en un mot d’un autre vieux, d’un plus vieux encore, — science sans conscience est la ruine de l’âme, on l’a vu assez, récemment, par le scandale, d’ailleurs parfaitement inutile, provoqué par cet imposteur de Mathieu, ou Matthieu, un des plus grands imposteurs que la terre ait jamais porté. Je parle naturellement du Mathieu qui n’est ni évêque ou archevêque, au moins dans l’Église romaine apostolique, ni cardinal, ni membre de l’Académie française.

L’État au contraire se fait comme un jeu cruel, — comme tous ces jeux d’État, — d’estimer tous ses fonctionnaires, et particulièrement ses fonctionnaires professeurs, en raison inverse de ce qu’ils valent, exactement en raison inverse du sens qu’ils peuvent avoir de la réalité. Il se méfie de tout homme, et plus encore d’un fonctionnaire, qui a quelque sens de la réalité. Et les professeurs. Pensez donc : s’ils allaient enseigner quelque atome de réalité, transmettre quelque atome