Page:Cahiers de la quinzaine, série 13, cahier 8, 1911.djvu/17

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enfants, deux morts en bas âge, deux qui survivent.

De 1867 à 1871, il passe près de cinq ans à l’étranger, chassé de Russie par la terreur de la prison pour dettes. Le plus souvent il est à Dresde, où il aurait pu voir Ibsen et Wagner, qu’il semble ne pas avoir connus même de nom. Le reste du temps, il séjourne en Italie, en France, en Suisse et surtout à Genève, qu’il déteste.

Ces années peineuses et misérables sont pourtant capitales dans son œuvre. La revue de Katkov, le célèbre nationaliste orthodoxe, publie l’Idiot, en 1868 ; l’Éternel Mari, en 1870 ; les Possédés, en 1871-72.

En 1871, Dostoïevski rentre à Pétersbourg. Il n’en sort plus.

De 1875 à 1877, il édite une brochure périodique, dont il est le seul rédacteur, et qui fonde, soudain, sa gloire. Le Journal d’un Écrivain obtient un succès immense. Il fait plus pour Dostoïevski, cent fois, que tous ses chefs-d’œuvre ensemble. À 56 ans, il devient la voix de la Russie même. Il est l’écrivain national de son pays. En toute circonstance, il parle désormais pour la nation : à propos de Pouchkine ou de Nékrassov, au sujet de la guerre contre les Turcs, aux étudiants, aux juges. Il a pour lui le peuple et les lettrés.