Page:Cahiers de la quinzaine, série 13, cahier 8, 1911.djvu/21

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Jusqu’ici, je n’ai point nommé Dostoïevski.

Je n’ai jamais laissé voir le visage de Fédor Mikhaïlovich dans mes clartés de midi, ni dans mes brumes. Je réservais ce nom et cette figure à quelque longue nuit de méditation où, faisant mes comptes avec la grandeur de vivre, et toute la souffrance qu’elle implique, il me faudrait comparer la somme à ce que je connais de plus fort et de plus ardent, sinon de plus pur.

Voici l’heure.

Cette nuit, j’ai vu l’arbre de ma peine sortir de mon cœur ; et, couché sur le dos, les yeux dans les étoiles d’hiver, chétif, lié à la mère, et tel que je serai dans le ventre éternel, renoué au nombril de la mort, je mesurais, avec le calme du vertige suprême, le jet de la tige