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II

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De taille moyenne, il était petit pour un Russe. Nerveux et saccadé, il y avait de l’inquiétude en tous ses gestes, une sorte d’attente fébrile. Ou bien, l’action lasse, l’allure lente, il semblait abattu et comme enseveli. Un homme agité ou défait, toujours en frisson, ou en sueur, toujours en peine. Je sens son odeur de peau fiévreuse et mouillée. Mécontent, il paraissait vieux et malade. Et, soudain, le contentement lui rendait l’air de la jeunesse.

On ne pouvait rien remarquer en lui, quand on avait vu sa tête. De tout son corps, Dostoïevski n’était que l’homme d’une tête. Il l’avait grosse, vaste, forte en tous sens : chaque trait violent, puissant, rude même ; et l’expression totale, pourtant, pleine de douceur et de finesse.

Le cheveu rare et pâle, couleur de cendre ; sinon chauve, dépouillé sur les tempes, et le front très nu, de bonne heure. Ce front n’en paraît que plus grand, haut et large, à deux fortes bosses au-dessus du pli qui le divise, entre les sourcils. Jeune homme, il a dû ressem-