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III

SUR SON ART

Dès le début, il sait où est sa force. Et même s’il ne le montre pas encore dans ses œuvres, il pressent quelle sorte de génie il y fera plus tard paraître.

Je suis original, dit-il à peu près, en ce que mon moyen est l’analyse, non la synthèse. Je vais au dedans ; et examinant les atomes, je m’enquiers du tout.

§

Il a toujours répugné aux sciences, comme vaines.

Son éducation, après tout, fut très littéraire. De bonne heure, il sut le français et l’allemand. Les petits Dostoïevski ont eu un précepteur de français, nommé Souchard. Dans la pauvre maison de son père, Dostoïevski a pris le goût de la lecture. Il l’avait, comme on doit l’avoir : à la passion. Sa plus dure privation, au bagne, fut de ne pas lire. Étudiant ou banni, dans sa prison, en Sibérie, de mansarde en mansarde, il a toujours des livres avec lui : la Bible, Shakspeare, Schiller, Racine, Dante, Pouchkine. Quand il ne demande pas