Page:Cahiers de la quinzaine, série 13, cahier 8, 1911.djvu/51

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toutes les idées dans l’amour, et en donner l’émotion, non plus la notion telle quelle, voilà la musique que je veux dire. En un tel art, nous voulons que tout soit émotion, et que la preuve soit réduite à rien. Or, plus l’émotion est reine, plus il faut que l’art, son roi, s’en rende maître.

Le rythme de l’amour mène tout. L’intelligence est la charrue, non pas le grain ni la moisson. Ni l’éloquence, ni l’idée évidente ne sont le pain qui nourrit. Ce n’est plus la recherche ni la peinture de l’objet qui nous sollicite : mais l’évocation de sa forme et de toute la grâce qu’il recèle, de la magie enfin qui y est incluse, pour nous faire croire à la vie. Il faut que l’art nous séduise à la vie.

On ne croit à la vie qu’en ce qu’on aime, et dans le rêve de ce qu’on aime.