Page:Cahiers de la quinzaine, série 6, cahiers 1-3.djvu/724

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de marbre, regardant le Ghetto, d’un mur limitrophe.

Oui, il avait apporté ses adorations à l’Autel de la Beauté ; il avait prôné la Renaissance. Il avait écrit, — avec cette faculté d’adaptation multiple de sa race, — des poèmes français d’inspiration hellénique, des poésies lyriques d’amour, à moitié senties, à moitié imaginées, délicatement ciselées. Maintenant il le comprenait subitement, jamais il n’avait exprimé sa vraie personnalité dans l’art, sauf peut-être dans ce brutal roman italien, écrit sous l’influence de Zola, et si vivement décrié par un monde qui ne voyait ni l’amour ni les larmes sous cette implacable révélation de la vie.

Et un bâton vint qui frappa le chien qui avait mordu le chat, qui avait dévoré le chevreau que mon père avait acheté pour deux zuzim. Chad Gadya ! Chad Gadya !

Oui, il était juif de cœur. Son enfance dans le Ghetto, la longue hérédité l’avaient enchaîné dans