Page:Cahiers de la quinzaine, série 6, cahiers 1-3.djvu/729

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Mais Israël poursuit son chemin avec une vigueur et un courage invaincus. C’est extraordinaire, ou plutôt, n’est-ce pas miraculeux ? Peut-être en effet y a-t-il une « mission d’Israël » ? peut-être est-il vraiment « le peuple choisi de Dieu » ? Les Vénitiens ont construit et peint des merveilles ; ils sont morts, les laissant à la contemplation des touristes. Les Juifs n’ont rien créé pendant des siècles, si ce n’est quelques poèmes et quelques mélodies mélancoliques pour la synagogue, et ils sont là, forts et solides, création de chair et de sang plus merveilleuse et plus durable que celles de pierre et de bronze. Et quel est le secret de cette persistance, de cette vigueur ? Que peut-il être sinon d’ordre spirituel ? Que peut-il être sinon la certitude intime de Dieu, la confiance absolue en Lui, qui enverrait son Messie pour rebâtir le Temple, pour élever les Juifs à la souveraineté sur les peuples. Combien typique son propre père, — chantant avec sérénité du chaldéen, — un moderne entre les modernes au dehors, — un lettré et un saint à la maison ! Ah ! que ne peut-il, lui aussi, s’appuyer sur cette foi solide ! Oui, son âme sym-