Page:Cahiers de la quinzaine, série 6, cahiers 1-3.djvu/737

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Mais la chaleur s’éteignit. Il redevint triste et désespéré. Car maintenant il savait ce qui lui manquait. Le paganisme ne suffisait pas. Il voulait Dieu, il était affamé de Dieu, le Dieu de ses pères. Il ne pouvait rejeter au loin les trois mille ans de foi. C’était l’atavisme qui lui donnait ces soudaines et étranges intuitions de Dieu, au parfum d’une rose, au rire d’un enfant, à la vue d’une ville endormie, qui réchauffait son cœur, et mettait des larmes dans ses yeux, avec un sentiment de l’infinie beauté, de la sainteté de la vie. Mais il ne pouvait le posséder, le Dieu de ses pères. Et son Dieu, à lui, était distant et douteux ; rien de ce que lui avait enseigné la science moderne n’avait encore pénétré dans son organisme. Pourrait-il même le transmettre à ses descendants ? Qu’est-ce donc que dit Weissmann sur les caractères acquis ? Non, certaines races propagent certaines croyances, et tant que vous n’aurez pas tué la race, vous n’aurez pas tué les croyances. Oh ! la cruelle tragédie que cette culture occidentale greffée sur le tronc d’Orient, faussant les cordes de la vie, séparant le cœur du cerveau ! Mais la nature est cruelle par essence. Il pensa aux vendanges de