Page:Cahiers de la quinzaine, série 6, cahiers 1-3.djvu/746

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chat, qui avait dévoré le chevreau, que mon père avait acheté pour deux zuzim. Chad Gadya ! Chad Gadya !

Chad Gadya ! Chad Gadya ! Jamais il ne s’était demandé le sens de ces mots, toujours associés à la fin de la cérémonie. Tout est fini, tout est fini, semblaient-ils gémir, et l’étrange vieille musique donnait un sentiment d’infinie désillusion, de repos infini ; une fin, une conclusion, des choses terminées et laissées là, une fièvre tombée, un travail achevé, une clameur apaisée, un son de cloche d’adieu, des mains croisées pour dormir.

Chad Gadya ! Chad Gadya ! C’était une lamentation sur la lutte pour l’existence, la succession sans but des siècles, le passage des anciens empires, — selon les commentateurs, — et des empires modernes qui les rejoindraient dans le passé, jusqu’à ce que la terre elle-même, des savants l’assurent, finisse à son tour, dans le froid et les ténèbres. Flux et reflux ! le feu et l’eau, l’eau et le feu ! Il pensa aux immobiles squelettes qui attendent encore l’exhu-