Page:Cahiers de la quinzaine, série 6, cahiers 1-3.djvu/751

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au-dessus et lui donnant l’impression, dans cette lumineuse nuit italienne, d’appartenir à leur rayonnante compagnie, qui tourbillonne à travers le vide infini sur des sphères innombrables. Une grande tache de clair de lune, d’un vert argenté, s’étalait sur l’eau noire, étincelante comme une chaîne de pièces d’or en mouvement. Plus bas, sur le canal, les gondoles noires se pressaient autour d’une barque éclairée par des lanternes aux couleurs vives, d’où venait la musique. Funiculi, Funicula, — elle semblait danser avec l’esprit même de la joie. Il vit un jeune couple se tenant les mains ; c’étaient des Anglais, de cette race étrange, heureuse, solide, victorieuse. Quelque chose vibra en lui. Sa pensée s’arrêta sur des fiancés, la jeunesse, la force, mais elle ressemblait à l’écho creux d’un regret lointain, à quelque vague lever de soleil d’or, sur des collines de rêve. Puis une magnifique voix de ténor chanta la Sérénade de Schubert, qui semblait la voix de la passion même, l’aspiration du moucheron vers l’étoile, de l’homme vers Dieu. — La mort, la mort à tout prix pour en finir de ramper sinistrement à travers les confins de la vie ! La vie