Page:Cahiers de la quinzaine, série 6, cahiers 1-3.djvu/752

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même un instant de plus, la vie sans Dieu, semblait intolérable. Il trouverait la paix dans cette eau noire. Il se glisserait dans l’escalier sans un mot.

Et l’ange de la mort vint et tua le boucher, qui avait tué le bœuf, qui avait bu l’eau, qui avait éteint le feu, qui avait brûlé le bâton, qui avait frappé le chien, qui avait mordu le chat, qui avait dévoré le chevreau que mon père avait acheté pour deux zuzim. Chad Gadya ! Chad Gadya !

Quand on le trouverait noyé par accident, — car comment le monde comprendrait-il, ce monde toujours si prompt à le juger, — qu’un homme ayant jeunesse, santé, richesse, quelque célébrité, ait mis fin à sa vie, ses parents penseraient peut-être que c’était un fantôme qui avait pris place à la table du Seder, silencieux et immobile. Et vraiment n’était-ce pas un fantôme ? Il n’est pas nécessaire de mourir pour planer en dehors du cercle animé de la vie, les bras étendus.

Un fantôme ? Il avait toujours été un fantôme. Depuis l’enfance des gens singulièrement robustes