Page:Cahiers de la quinzaine, série 6, cahiers 1-3.djvu/753

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étaient venus, lui avaient parlé, avaient marché avec lui, et il avait glissé parmi eux, esprit sans réalité auquel ils attribuaient des motifs de chair et de sang, comme les leurs. Tout enfant, la mort lui avait paru horrible : des vers rouges rampant sur la chair blanche. Maintenant ses pensées s’arrêtaient volontiers devant le moment heureux de rendre l’esprit. D’autres vies derrière la tombe ? Mais le monde n’est pas assez grand pour une seule vie, il ne cesse de se répéter. Des livres, des journaux, quel lourd ennui ! Un petit nombre d’idées habilement combinées à neuf, car il n’y a rien de nouveau sous le soleil. La vie est comme une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de furie et ne signifiant rien. Shakespeare en a trouvé la suprême expression, comme de tout ce qu’elle contient.

Il sortit doucement par la porte entr’ouverte, traversa l’antichambre décorée de tapisseries et de statues de vieux Vénitiens revêtus d’armures, descendit du grand escalier dans la cour, qui semblait sépulcrale à la lueur d’une allumette lui permettant