Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/100

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laires, les villages ronds, qui sur nos cartes aujourd’hui font une tache, mon cher Blanchard, sur nos cartes d’État-Major, au quatre-vingt millième, un rond, une tache parfaitement délimitée, non pas seulement les bourgs tassés ; mais les autres villages, les villages carrés ou diagonaux des carrefours, les villages des croix, la Croix de Berny, le Christ de Saclay, villages de croisements et d’auberges aux quatre ou huit ou dix coins des routes, quelquefois un peu dispersés déjà ; et les autres villages encore, les simples villages de route et de chemin, les villages allongés, linéaires, filiformes, un peu dispersés, un peu éparpillés, un peu semés tout au long de la route, car ils ne sont pas moins que les cailloux blancs du Petit Poucet : ils servent à reconnaître notre chemin quand nous retournons dans la maison de notre père, tant de villages non pas humbles mais modestes, allongés chaudement sur la terre maternelle, tant de beaux villages parfaitement dessinés, maisons groupées en un beau troupeau de moutons sur les deux côtés de la route, dans le réseau des chemins et des sentiers, dans les lacs innombrables de la terre, murs et recoupements doucement rectangulaires, toisons des mousses, toits parallélogrammes, villages couchés au pied de leurs églises, — villages fidèles, devenus infidèles, — comme les lévriers des honorables tombeaux.

Villages resserres, villages repaires, villages abris ; villages carrefours, villages auberges ; villages repères, villages jalons.

Villages cuirassés ; villages simplement protégés ; villages croiseurs ; villages détendus. Et comme abandonnés au long d’une route, comme couchés dans les