Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sion, suivant l’événement, suivant la fortune. Du jour. Quand il était léger, c’était bien, parce qu’il n’était pas lourd à porter. On y mettait ce qu’on pouvait, ce qu’on trouvait, ce qu’il y avait dans le patelin, ce qu’on avait besoin d’y mettre, quoi. Et quand il était lourd, c’était bien. C’était mieux encore : c’était qu’on y avait mis ce qu’on avait besoin. Parce qu’il n’était point lourd de quantités incroyables de tripoli calculées scientifiquement. Par additions, multiplications et divisions de jours et d’hommes. Mais il était lourd de ce qu’on avait trouvé, de ce qu’on avait pu y mettre, de ce qu’on avait eu envie et besoin d’y mettre. Et ce qu’ils avaient eu envie et besoin d’y mettre, vous le savez aussi bien que moi, Halévy, puisque vous vous êtes fait un si bon marcheur : c’était à boire et à manger ; allons donc ; parce que, n’est-ce pas, il ne faut pas nous conter des histoires, et vouloir nous faire croire que tous ces gens-là ont conquis le monde, traversé l’Europe vingt fois, sans compter les batailles, sans manger et sans boire un seul instant. Et encore je ne parle pas de la Fontaine IX, 2, 17.

Et le peu d’administration qu’il faut qu’il y ait dans un sac, eux-mêmes l’administraient.

Le boire et le manger, sans quoi l’homme n’a jamais rien fait dans le monde.

C’étaient des hommes, de pauvres hommes comme nous.

Quand donc ils portaient leur sac, ils en étaient heureux, de leur sac. Et de le porter. C’était un ami. Ce n’était pas le sac, c’était leur sac. C’était leur affaire à eux. Ils y mettaient leurs affaires. Quand ils portaient ce sac, ils portaient une affaire à eux ; ils portaient leurs affaires ; leur propre intérêt ; leurs intérêts ; ils portaient