Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/114

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comprend si bien), leur tour d’Europe ; et la Révolution elle-même et l’Empire elle-même n’est-elle point toute entière là, toute entière issue, sortie, venue de là : toute une race, tout un peuple de trimardeurs intellectuels qui ayant fait leur tour du monde, le tour de leur monde intellectuel, et qui voulurent (pourquoi, mon Dieu) faire en plus le tour de la politique ; ils allèrent donc nu-pieds par les routes de l’Europe et de la politique ; ce qui en est advenu, nous le savons ; et l’histoire de ce monde ne l’oubliera jamais ; ceux qui n’avaient pas de souliers avaient des sabots ; ceux qui n’avaient pas de sabots marchaient les pieds nus ; ceux qui avaient des sabots marchaient généralement les pieds nus aussi ; quelquefois ils mettaient leurs sabots, pour marcher ; parce que le sabotier leur avait dit, avait voulu leur faire croire que c’était fait pour ça ; mais généralement, suivant l’instinct (et la raison, parce que c’est un des plus grands principes (de morale rationnelle) que le sabot prime le soulier et que, d’autant, le pied nu prime le sabot) généralement, comme les gamins des bois et des plaines, comme ces grands gamins maraudeurs et dénicheurs de nids qu’ils étaient tous (rien de la contamination de l’école primaire) ils mettaient leurs sabots, quand ils en avaient, où nous avons dit, sur leur épaule, sur le sac, sur ce sac ; ils gardaient leurs sabots pour les grandes occasions ; ils ménageaient leurs sabots, les avaricieux ; ils se disaient que de la peau de bonne race repousse toujours pour faire de bonnes semelles de cuir de peau ; et qu’une semelle de bois, quand elle est usée, il faut aller chez le marchand ; ils gardaient donc leurs sabots pour les par trop mauvais chemins de cailloux et de mauvaises pierres, trop pointues, trop irrégulières, trop