Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/116

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Nul homme, isolé, nul grand homme n’en a tiré depuis un retentissement de cette résonance. EL encore moins nuls hommes en troupes.

Paris ville de la révolte. Ville de la soumission. Ville de tant de servitudes. Ville de la liberté. Liberté, en ce beau jour. De tant de platitudes. D’une telle fierté. Parisiens du cœur de Paris, et du Paris d’alors, du cœur des vieux faubourgs, du faubourg Marceau, du faubourg Antoine, et parmi eux, emmêlés à eux, et tout autour d’eux petits paysans français, gamins paysans, paysans des plaines et des vallonnements, paysans des bois et des côtes, gamins maraudeurs, paysans gamins, gamins dénicheurs de nids, paysans de l’Île de France, paysans de la Beauce, paysans de la vallée de la Loire ; et aussi, quelques-uns, paysans des montagnes, ou du moins paysans des pentes ; bergers, bouviers, pasteurs, ouvriers paysans ils partirent dénicher de bien autres nids ; ayant aperçu, à peine, ou pas du tout, ce grand Paris, le Paris d’alors, tous ensemble ils allèrent de leur pied léger, de leur pied nu, ils allèrent semer leur Paris, leur France, le Paris de ce temps-là, la France de ce temps-là, sur tous les chemins du monde.

Ils étaient heureux. C’est nous, les cuistres, qui les faisons malheureux, dans nos bouquins, dans les manuels d’histoire.

Ô soldats de l’an deux ! ô guerres ! épopées ! C’est ça, mon ami, une épopée. C’est toujours une opération de joie. Ça consiste à marcher sur une route (à se battre), et que le bruit des pas que l’on a faits sur cette route ne puisse plus s’effacer de la mémoire des peuples.

Compagnons du tour d’Europe. À condition que l’Europe ce soit le monde, Ce qu’elle était d’ailleurs en ce