Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/137

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tion, comme s’il avait une certaine affection particulière incompréhensible (pour une sagesse humaine) pour une certaine sorte de mauvais élèves (et cela se comprend si bien de la part d’un professeur intelligent).

La grâce, plus inquiétante encore et plus mystérieuse, étant sans doute plus profonde, que la beauté ; non pas seulement, non pas hésitation de la justice, pour le regard humain, mais souvent reniement très formel de la justice et très assurément triomphe de l’injustice, vue d’un regard humain, et pour ainsi dire miracle de l’arbitraire ; injustice, arbitraire et miracle dans la destination des hommes ; injustice, arbitraire et miracle dans la destination des peuples ; injustice, arbitraire et miracle dans la destination des pays ; ce pays qui ne perd pas une occasion de nier tout ce qui n’est pas du temporel, ce peuple qui n’est jamais si content que d’affirmer, et qui ne perd pas même un semblant d’occasion d’affirmer non pas seulement la domination, la prépotence, l’omnipotence, mais l’unipotence et l’uniexistence du temporel, est aussi le seul qui ait obtenu et maintenu, qui ait reçu et gardé, qui tienne encore de conduire le monde exactement pour tout ce qui n’est pas du temporel.

Et qui dans le temporel rate si merveilleusement.

Arrêts si délibérément dessinés de la grâce. Injustice des paysages, qui rend si inquiétants, dans leur quiétude temporelle, ces paysages de Loire ; douceur et grâce angevine ; douceur et grâce tourangelle ; admirables sinuosités ; non point, — quelque barbare l’aurait dit, — non point sinuosités d’indécision, tâtonnements d’aveugle, hésitations de manchot, — mais sinuosités de détente et de caresse, enlacements, sinuo-