Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/146

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Poèmes qui parlez comme la pierre, aussi dur sous l’ongle, aussi ferme, aussi courtois, aussi architecture et statuaire ; pierre, châteaux et palais qui très exactement parlez le langage de Ronsard.

Suprême recoupement enfin, recoupement du mot et de la pierre, du langage parlé et du langage dessiné, merveilleux accord intérieur par qui les noms mêmes de ces châteaux sonnent comme des poèmes, comme des abrégés, comme des raccourcis, comme des extraits de poèmes, comme des poèmes en un mot, — nous avons dépassé la nouvelle en trois lignes, — comme une culminaison de poème en un mot, — concentrés sans effort par quel poète, par quel obscur et merveilleusement sûr instinct du langage d’un peuple tout entier poète, — merveilleuse et aisée conformité, merveilleux accord du nom et de l’objet, juste application du nom sur l’objet, parfaitement convenable couronnement de l’objet par le nom à qui nous devons ces noms si parfaitement beaux, Blois, Chenonceaux, Chambord, Langeais ; tant d’autres : mais pourquoi emplir un cahier de noms dont on ferait tout un indicateur de chemins de fer ; Beaugency, Amboise, Valençay, Ussé ; taisons-nous ; et par un deuxième recoupement suprême, par un deuxième couronnement suprême, par un encore plus merveilleux redoublement de ce couronnement suprême ces noms de poètes qui sont beaux comme des noms de châteaux, qui sont faits tout à fait comme des noms de châteaux, Pierre de Ronsard, Jean Daurat était un pseudonyme ; mais bougre quel pseudonyme ; c’était un bien beau pseudonyme ; et puis enfin il se nommait Disnemandy, qui vaut bien les autres ; les noms des sept étoiles, Pierre de Ronsard, Jean-Antoine de Baïf,