Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

précédent cahier, sur lequel nous reviendrons certainement, une parenté, un sentiment, une consonance, une situation, un phénomène à eux limité, qui s’étend à tous eux, qui ne s’étend à nuls autres, qui s’étend à tous les patrons et ouvriers, qui ne s’étend à aucun de ceux qui ne sont ni patrons ni ouvriers.

Cette misère ne sévit qu’en dehors des guichets de l’État. Un homme qui n’a point passé par là ne sait pas, ne peut pas dire qu’il sait ce que c’est d’être misérable, et ce que c’est d’être tenté.

Un homme assez avantageusement connu comme journaliste et qui est demeuré journaliste dans des emplois où généralement on le demeure un peu moins, un homme qui a du journaliste ce don de faire un sort à certains mots, bons ou mauvais, justes ou impropres, qu’il invente, ou qu’il emprunte, un homme qui a notamment fait un certain sort au mot bloc, M. Georges Clemenceau a fait aussi un certain sort au mot barricade, un sort nouveau, en parlant de ceux qui sont de l’un et de l’autre côté, qui ne sont pas du même côté de la barricade. Ce n’était malheureusement qu’une boutade de journaliste. Et peut-être un souvenir de romantique. La barricade n’est plus aujourd’hui le grand instrument social et politique, le grand appareil de gouvernement ou de révolution, le grand appareil de discernement. Ce n’est plus la barricade aujourd’hui qui discerne, qui sépare en deux le bon peuple de France, les populations du royaume. C’est un beaucoup plus petit appareil, mais infiniment plus répandu, surtout aujourd’hui, qu’on nomme le guichet. Quelques cadres de bois, plus ou moins mobiles, un grillage métallique,