Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/44

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et à la fois tantôt luttaient contre les puissances d’esprit, ou pactisaient et se mariaient plus ou moins avec elles.

Il en résultait dans les anciens mondes et sous les anciens régimes une sorte d’équilibre instable qui était perpétuellement à rétablir, à renouveler, à réinventer, à refaire, mais qui, de fait, se rétablissait, se renouvelait presque toujours, qui réussissait presque toujours à se réinventer. Il se refaisait. Et même des humanités obtinrent plusieurs fois qu’il y eût des équilibres très durables, des équilibres véritablement stables, équilibre pour ainsi dire unilinéaire de l’ancienne Égypte, équilibres passionnés du peuple d’Israël, équilibres des cités helléniques, équilibre de la paix romaine, — où pourtant les puissances d’argent commirent un premier essai de leur domination, et qui restera le plus dégoûtant des anciens équilibres, parce que c’est celui qui ressemble le plus à notre équilibre moderne de mort, à ce point qu’il en est comme une tentative, comme une tentation, un essai, une, première, maquette, une image de préfiguration, — équilibre de vie de la chrétienté, équilibre du monde féodal, équilibre du monde royal, équilibre de l’ancien royaume de France. Par tous ceux-ci ensemble équilibre enfin de l’ancienne France. Et ces équilibres eux-mêmes étaient ce que nous avons dit, répondaient aux conditions générales que nous avons dites. C’est-à-dire qu’assez de puissances de force et d’esprit s’y combinaient et s’y balançaient pour que les puissances d’esprit n’y fussent point infailliblement soumises, qui pour elles est autant dire mortes, pour que chaque puissance d’esprit en particulier y fût en définitive ou y devînt libre et survivante. Autant qu’elle voulait. C’est-à-dire autant qu’elle avait en elle-