Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/46

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grandeurs et leurs misères. Elles aussi elles vivaient. Et c’est même pour cela, parce qu’elles vivaient, qu’elles avaient leurs grandeurs et leurs misères. Elles partageaient les grandeurs communes et les communes misères des puissances temporelles où elles étaient enchevêtrées, elles y participaient, et en outre elles avaient leurs grandeurs et leurs misères propres. Peut-être assez d’honneurs environnaient sa vie. Dans tout cela, dans tout ce fatras et dans ce commun enchevêtrement, et grâce précisément au jeu que donnaient tant de puissances, temporelles, beaucoup de puissances d’esprit jouaient, donc vivaient. Elles finissaient, elles aussi, par s’organiser pour des équilibres plus ou moins précaires, par des inéquilibres eux-mêmes plus ou moins prolongés. Vivant parmi des organismes et des organisations, à travers beaucoup de risques et des périls sans nombre elles pouvaient tout de même s’organiser. Elles devaient même s’organiser, et vivre. Elles y étaient tenues. Vivant parmi et contre ou avec des organismes vivants, non seulement elles pouvaient s’organiser, mais elles étaient par là même comme invitées à l’organisation. Elles étaient inclinées à la vie. Un organisme ami les pouvait inviter à l’organisation, les conduire à la vie. Un organisme ennemi invite et conduit aussi à l’organisation et à la vie, puisqu’il vous y contraint, ne fût-ce que pour le combattre. Ce qui est dangereux, c’est ce grand cadavre mort du monde moderne.

Dans les anciens mondes, sous les anciens régimes, mondes et temps d’initiatives, les puissances d’esprit finissaient toujours par s’arranger de manière à retomber à peu près sur leurs pieds, elles finissaient toujours par s’arranger de manière à retrouver leur compte, à