Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mentation, et sa vie, et sa place. Toute vie obtenait sa croissance. Dans de la vie, dans un univers de vie, de la vie aussi pouvait venir, toute vie pouvait et devait croître, toute vie individuelle ou personnelle, temporelle et spirituelle. Dans de la vie de la vie naturellement venait. Homogène ou antagoniste, la nature même demandait qu’elle vînt. Ainsi tant de puissances d’esprit sont venues au monde et ont vécu. Et la stérilité n’avait point obtenu le gouvernement des peuples. Il fallait parvenir jusqu’à l’avènement du monde moderne pour assister officiellement à l’avènement aussi du gouvernement de la stérilité. Dans tous les anciens mondes, sous tous les anciens régimes il y avait tant de puissances temporelles qui vivaient, organisées, et ces puissances temporelles elles-mêmes étaient engagées dans un si grand nombre d’actions et de réactions entre elles et avec les puissances d’esprit qu’on s’arrangeait toujours. Les puissances d’esprit pouvaient toujours se glisser quelque part, mener quelque aventure, jouer de quelque manière, improviser, inventer, pousser, comme un pied de violettes de chien, dans quelque joint de quelque pierre de quelque mur, et, parties de là, prospérer et fleurir. Elles le pouvaient d’autant plus qu’en outre, et en deuxième degré d’accroissement, dans tout ce monde inépuisablement vigoureux elles étaient elles-mêmes d’une vigueur que tous les âges de l’humanité, que tous les mondes, que toutes les anciennes humanités avaient connue, que tous les régimes et que toutes les disciplines ont connue, que seuls aujourd’hui nous ne connaissons plus, que la seule humanité moderne a désappris de connaître.

Toute vigueur grondait en pleine éruption. Elles le