Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/77

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rigoureux des mathématiciens : ne pas mettre le signe + par erreur au lieu du signe —, ni le signe — par erreur au lieu du signe +. Le monde moderne essaie plus ou moins inconsciemment de donner le change, (c’est-à-dire, très précisément, de faire tromper de signe) — et peut-être est-il en cela plus ou moins confusément sincère, — sur le tien et le mien, sur ce qui est de lui et sur ce qui n’est pas de lui. Sur ce qui donc est du plus, et sur ce qui est du moins. Ou du zéro, dans les inventaires. En réalité, avec un aplomb imperturbable, et qui est peut-être sa seule invention et tout ce qu’il y a de lui dans l’ensemble du mouvement, il vit presque entièrement sur les humanités passées, qu’il méprise, et feint d’ignorer, dont il ignore très réellement les réalités essentielles, dont il n’ignore point les commodités, usages, abus et autres utilisations. La seule fidélité du monde moderne, c’est la fidélité du parasitisme. Pour tous ses vices et pour toutes ses petitesses, pour la menue monnaie de ses vices et le menu ménage quotidien de ses bassesses, pour ses enseignements le monde moderne se suffit à lui-même. Il croit, il affecte plus ou moins sincèrement de croire que le monde a commencé, net, entre le trente-et-un décembre et le premier janvier de je ne sais déjà plus quelle année. Mais qu’il ait à organiser quelque chose qui dépasse, dans sa pensée, qu’il ait à organiser quoi que ce soit dont il ait plus ou moins vaguement l’impression, si peu que ce soit, qu’il faut que ça dépasse, de quelque manière, vite alors, avec un toupet lui-même incalculable, avec un aplomb invraisemblable il chausse les vieilles bottes, il coiffe les vieux chapeaux. On se coiffe les pieds, disait un personnage du premier Victor Hugo, qui était je pense notre