Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/76

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Si l’on voulait faire le procès du monde moderne, — et il y a des jours, vraiment, où l’on en serait presque tenté, — il serait aisé de faire voir que le monde moderne se comporte toujours ainsi. Et c’est ainsi quelquefois qu’il réussit à masquer sa pauvreté, à faire coaguler comme une croûte de pauvreté plus honnête, une croûte superficielle de convenance ou d’apparente richesse ou dignité dessus le creux de son irrémédiable vide. Celui qui voudrait faire un procès du monde moderne, et qui ne pourrait pas résister à la tentation, il faudrait d’abord, pour trouver l’incurable sottise, percer, dénoncer tout ce parasitisme universel du monde moderne vivant uniquement, ne vivant que des héritages de tous ces mondes anciens dont il passe en même temps tout son temps à dire que tous ces mondes-là, que tous ces mondes précisément étaient des mondes stupides, des mondes foutues bêtes, et les derniers des mondes imbéciles.

Méthode : celui qui ne pourrait pas résister à la tentation, de faire un procès du monde moderne, quelque faible, naturellement, il faudrait commencer par établir un bilan sérieux. Et dans ce bilan ce ne seraient pas seulement les quantités qui seraient difficiles à calculer. Ce ne seraient pas même seulement les qualités, natures, espèces et valeurs des marchandises qui seraient difficiles. À déterminer. Il faudrait d’abord bien faire attention à ceci. Il faudrait d’abord, et avant tout, comme règle de méthode générale, et préliminaire, bien discerner, bien départir et bien répartir, faire une redistribution, bien distribuer quel serait le sens des différentes valeurs, et avant tout ne pas se tromper de signe. Je prends cette expression dans le sens le plus