Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 2, 1912.djvu/11

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ries optiques se servent de deux vecteurs, dont l’un représente une vitesse, l’autre un tourbillon. Qu’on substitue le sens d’un vecteur à l’autre et les conclusions restent identiques. Enfin, des calculs utilisables pratiquement peuvent être occasionnés par des hypothèses fantaisistes et qui ont conscience de l’être. Faut-il rappeler les gyroscopes atomiques dont lord Kelvin composait la matière et la représentation par Maxwell des corps mauvais conducteurs de l’électricité en cellules conductrices enfermées dans des parois isolantes ? La conséquence générale en est qu’on tend à regarder le monde réel, non pas celui de l’expérience scientifique, mais celui de notre vie, comme constitué suivant des principes opposés à ceux qui commandent le monde artificiel de la science. Il y a dans les systèmes scientifiques un déterminisme rigoureux ; il est à peu près absent dans la nature[1].

Son antiintellectualisme seul aurait fait de Sorel un libertiste. Mais le mouvement naturel de son esprit qui l’y entraînait fut accéléré par ses études sociales et par la rencontre de Bergson. « Georges Sorel est, ce me semble, un esprit trop original et trop indépendant, a dit M. Bergson[2], pour s’enrôler sous la bannière de qui que ce soit ; ce n’est pas un disciple. Mais il accepte quelques-unes de mes vues et quand il me cite, il le fait en homme qui m’a lu attentivement et qui m’a parfaitement compris. » Sans doute, M. Bergson réduit-il par modestie sa part d’influence sur l’esprit de Sorel ; mais il est certain que sa théorie du mythe fortifiée après coup de considérations bergsoniennes se trouve

  1. Georges Sorel. Les préoccupations métaphysiques des physiciens contemporains.
  2. Lettre à l’auteur de l’article.