Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 2, 1912.djvu/44

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en même temps, le matérialisme bourgeois à son apogée ». Le solidarisme au pouvoir, c’est l’égoïsme porté à sa perfection.

La liberté grandissante que nous donne la démocratie est très spéciale : c’est « la liberté de l’homme égoïste, c’est-à-dire le droit à un essor effréné de tous les éléments spirituels et matériels qui forment le contenu de sa vie ». C’est, très réellement, l’excuse de toutes les turpitudes, l’encouragement de toutes les licences.

De cet « essor effréné », on constate aujourd’hui les résultats. Ils constituent le bilan de la démocratie.

Alcoolisme d’abord ! La consommation alcoolique fait en France de rapides progrès. En trois années, pas plus, elle a augmenté de 10 p. 100. La bande ivre des QM, qui avait déjà maintenu le privilège des bouilleurs de cru, vient de s’opposer à la limitation des débits de boisson.

La morphine et l’opium sont consommés clandestinement. On ne peut donc donner des chiffres à leur sujet. Mais personne n’ignore que l’usage de ces poisons devient courant.

Faut-il parler de la luxure et de la pornographie ? En ce qui les concerne, chaque jour nous apporte son scandale jugé, par le public, avec une indulgence sans bornes.

L’individu était autrefois le membre d’institutions élémentaires qui réglaient ses démarches et ses pensées. Sur cette trame solide, toujours pareille, l’homme ordinaire se contentait de broder un honnête dessin ; l’homme de génie pouvait improviser de brillantes variations.

Aujourd’hui, tout n’est que fantaisie individuelle, caprice évanoui aussitôt né, désarroi et tourmente.