Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/6

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ramené à sa cause essentielle par Proudhon, dans la Guerre et la Paix : « La guerre… tend à esquiver le libéralisme qui la poursuit en se réfugiant dans le gouvernementalisme, autrement dit, système d’exploitation, d’administration, de commerce, de fabrication, d’enseignement, etc., par l’État. Donc, on ne pillera plus, c’est ignoble ; on ne frappera plus de contributions de guerre, on ne confisquera plus les propriétés, on renoncera à la course, on laissera à chaque ville ses monuments et ses chefs-d’œuvre, on distribuera même des secours, on fournira des capitaux, on accordera des subventions aux provinces annexées. Mais on gouvernera, on exploitera, on administrera, etc… militairement, tout le secret est là. Un État peut se comparer à une Compagnie en nom collectif ou anonyme dans laquelle il y a d’immenses capitaux à manier, de grandes affaires à traiter, de gros profits à faire : par conséquent, pour les fondateurs, directeurs, administrateurs, inspecteurs et tous autres fonctionnaires, des gratifications à espérer, plus de magnifiques traitements… Plus l’État prend d’extension, plus le pouvoir a de fonds en maniement mais plus il manie d’argent, plus, naturellement, il en reste à son personnel et à toutes ses créatures.

« La cause première de la guerre, à savoir, le paupérisme, continuant d’agir, agissant même par en haut avec plus d’intensité encore que par en bas, il y a donc toujours militarisme au dedans et tendance à la conquête au dehors seulement, la guerre, au lieu de piller et de pressurer le peuple conquis, réalise ses bénéfices sous une autre forme. De même qu’aux siècles d’Alexandre et de César, le pillage héroïque s’était transformé en conquête, de même la conquête tend à se transformer à son tour en gouvernementalisme.