Page:Cahiers rationalistes - 1972 - n° 288-289 (extrait Hommage à Paul Langevin, La vie l’œuvre et l’action).djvu/21

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défendre au grand jour les droits de la raison (et de) propager la confiance dans l'effort scientifique et le progrès humain ». Il y fit au cours des années trente plusieurs grandes conférences d'ordre scientifique et philosophique, dont une série inaugurale particulièrement remarquable sur La science et le déterminisme, dont nous n'avons malheureusement que nos notes personnelles incomplètes. A la mort de Henri Roger en 1938, il devait prendre sa succession à la présidence de l'UR qu'il anima à nouveau, après la longue nuit, pendant ses deux dernières années.


Les missions internationales. — L’humaniste

La période qui s'étend de 1927 à 1933 fut sans aucun doute, dans la vie du savant, celle qui lui apporta les plus riches satisfactions. En 1928, à la mort du grand Lorentz, il fut nommé à l'unanimité président du Comité scientifique Solvay, et il assuma cette charge nouvelle avec sa haute conscience habituelle. Ses rares qualités d'esprit et de caractère firent de lui, pour ses collègues, un « président » par excellence ; et les souverains belges, qui accueillaient toujours le comité à la fin du Congrès, le tenaient aussi en haute estime et considération. A ses intimes, Paul Langevin parlait volontiers, non sans une pointe de fierté malicieuse, de « (son) amie Elisabeth » dont il appréciait, autant que le charme personnel, la grande culture et les opinions très libérales. En cette période d'intense activité lui venaient des grandes Universités du monde entier les plus hautes distinctions honorifiques — bien avant son élection en 1934 à l'Institut de France, que sa répugnance bien connue aux « visites de candidature » avait notablement retardée! Dans le même temps, il recevait de nombreuses sollicitations pour des conférences, ce qui lui donna l'occasion de fort intéressants voyages. Il parcourut ainsi non seulement maint pays d'Europe, allant d'Espagne ou d'Angleterre en Pologne, en Tchécoslovaquie, et jusqu'en Russie soviétique ; mais aussi des contrées plus lointaines encore. Partout il noua des relations amicales, et se pencha avec un vif intérêt sur les