Page:Cahiers rationalistes - 1972 - n° 288-289 (extrait Hommage à Paul Langevin, La vie l’œuvre et l’action).djvu/20

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de ses contemporains au milieu du foisonnement de découvertes et d'idées neuves qui ont jalonné toute sa carrière. Ainsi donna-t-il un appui décisif à Louis de Broglie quand celui-ci vint lui soumettre son hypothèse des « ondes matérielles ». Cette idée lui parut de prime abord bien déconcertante, mais très vite il en comprit toute la puissance de synthèse, et fit alors partager son enthousiasme à ses collègues, et d'abord à Einstein à qui il communiqua ce travail.

Il prit une part non moins active aux vives discussions qui, au Conseil Solvay de 1927, suivirent l'énoncé, par Heisenberg, de son fameux principe d'indétermination. A partir d'une remarque pertinente sur l'action qu'exerce nécessairement tout observateur sur le phénomène observé, Heisenberg aboutit à la conclusion qu'à l'échelle intra-atomique, on ne peut déterminer la trajectoire exacte d'une particule, mais seulement prévoir sa probabilité de présence, à un instant donné, sur telle orbite autour du noyau. Le monde savant se partagea dès lors en deux camps : celui des idéalistes » (Heisenberg, Jeans), tenants d'un libre arbitre des particules — et, par extension, de toute la Nature — ; et celui des « matérialistes » ou déterministes convaincus, avec, à leur tête, Hendrik Antoon Lorentz, Einstein et Paul Langevin. Dès cet instant, la « bataille du déterminisme » succéda pour ce dernier à celle de la relativité. Jamais, pour ce grand rationaliste, ne fut ébranlée la foi dans l' « intelligibilité du monde, ressort essentiel de la science ». Et il affirmait avec force : « LA SCIENCE SERA DÉTERMINISTE, OU ELLE NE SERA PAS ». Envisageant, une fois de plus, la nécessité d'un profond changement des notions, il considère que le concept même de particule individuelle, essentiellement anthropomorphique, est sans doute inadéquat à l'échelle intra-atomique : « On doit se demander, lorsque la nature laisse une question sans réponse, s'il n'y a pas lieu de considérer la question comme mal posée, et d'abandonner la représentation qui l'a provoquée ». En 1930, Paul Langevin fondait, avec le doyen Henri Roger comme président, l'Union rationaliste : association sans aucun caractère politique ayant pour but de diffuser l'esprit rationaliste et la méthode scientifique, de «