Page:Cahiers rationalistes - 1972 - n° 288-289 (extrait Hommage à Paul Langevin, La vie l’œuvre et l’action).djvu/23

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occasion de préciser sa pensée sur les questions d'éducation et de culture. Pendant l'été de 1932, au congrès de la Ligue internationale pour l'Education nouvelle qui se tient à Nice, Paul Langevin expose devant de nombreux enseignants de cinquante pays ses idées les plus fondamentales sur la culture générale et les « humanités ». Il définit la culture comme « une initiation aux diverses formes de l'activité humaine pour permettre à l'individu de comprendre l'intérêt et d'apprécier les résultats d'activités autres que la sienne propre » ; c'est « tout ce qui rapproche et unit les hommes, tandis que la profession représente trop souvent ce qui les sépare ». Et il en souligne le « caractère DYNAMIQUE (qui) exige pour chaque être humain la possibilité de CONTINUER A S'INSTRUIRE ».

Conscient du grave déséquilibre créé dans la vie collective par le développement si rapide des techniques, le savant voit la cause profonde de la crise actuelle dans le conflit entre les initiations « morale, plus ancienne, et technique, plus récente », restées parallèles et séparées tant dans leur conception que dans les catégories d'hommes auxquelles elles s'adressent. Pour lui, la solution à ce grave problème ne peut être que dans la conjugaison harmonieuse de ces deux initiations en de véritables « humanités modernes » dispensées à tous. Paul Langevin caractérise les difficultés dramatiques de la situation actuelle en cette formule qu'il aura maintes fois l'occasion de développer par la suite : « La science a pris aujourd'hui une avance considérable et dangereuse sur la justice ». A son sens, le seul moyen pour celle-ci de rattraper celle-là est d'en suivre l'exemple dans son esprit et dans ses méthodes, qui ont déjà permis des progrès décisifs aussi bien dans les sciences sociales et humaines que dans celles de la Nature — et il donne comme exemple, en psychologie, la « découverte de l'enfant » si riche de conséquences pour les éducateurs. S'appuyant sur les données de la biologie et de l'évolution, il s'élève alors à cette conclusion générale :

« C'est (non pas par la lutte mais) par l'entraide qu'un enrichissement progressif de la vie a pu être obtenu. Il devient nécessaire aujourd'hui, pour l'adaptation au milieu nouveau que créent les applications de la science, que l'entraide, la différenciation et la collaboration s'établissent entre