Page:Cahiers rationalistes - 1972 - n° 288-289 (extrait Hommage à Paul Langevin, La vie l’œuvre et l’action).djvu/24

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les nations pour déterminer l'apparition consciente et complète de la forme nouvelle de vie que représentera l'ensemble pacifié de notre espèce. »

Conclusion empreinte d'une ardente confiance, que le proche avenir allait, sinon entamer, du moins rendre infiniment moins sereine! Pourtant, dans le courant de ce même discours, on relève ces phrases significatives, prescience et véritable profession de foi de la part du savant qui va arriver à un tournant décisif de sa vie :

« Nous traversons une période particulièrement difficile, importante et décisive. Je considère que ceux qui ont eu la bonne fortune d'une formation scientifique ne peuvent se désintéresser de ce qui se passe au dehors, bien qu'il soit plus confortable de rester dans la paix des laboratoires, bien que jamais les progrès de la science pure et de ses applications d'ordre matériel n'aient été plus rapides ni plus attachants »[1].


La lutte contre le fascisme

Au fur et à mesure qu'il voit grandir le danger fasciste, Paul Langevin comprend que l'action isolée ne peut plus être vraiment efficace. Pour faire échec aux forces de réaction qui, se conjuguant à l'intérieur et à l'extérieur, deviennent chaque jour plus menaçantes, il faut unir les efforts de tous les hommes de bonne volonté. Avec d'autres intellectuels progressistes, il rejoint alors certains groupements organisés dont le but commun est la lutte contre la guerre et le fascisme, et au sein desquels, après l'instauration du régime hitlérien en 1933, il dépensera de plus en plus de temps et de forces. Ce sera bientôt, en France, un véritable foisonnement de groupes de défense qui se créent dans toutes les couches de la population. Mais, dans tous ces mouvements, en principe « au-dessus des partis », se dressent souvent des

  1. Le Problème de la culture générale, conférence prononcée au Congrès de Nice en 1932, publiée dans « Pour l'Ere nouvelle », n° 81, octobre 1932.