Page:Cahiers rationalistes - 1972 - n° 288-289 (extrait Hommage à Paul Langevin, La vie l’œuvre et l’action).djvu/5

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suscitée par les découvertes retentissantes de cette fin de siècle : celle des rayons X par Röntgen, et celle des phénomènes radioactifs par Henri Becquerel puis par Pierre et Marie Curie. Bien des fois par la suite, au cours de remarquables conférences, Paul Langevin rappela les souvenirs de cette période exaltante, où les nouvelles expériences qui se succédaient amenaient des modifications profondes dans les conceptions théoriques, par une continuelle fécondation réciproque de l'expérience et de la théorie, qui se poursuivit durant tout sa carrière.

L'année même où Paul Langevin arrivait à Cambridge, Joseph John Thomson venait de mettre en évidence l'existence de l'électron en mesurant avec Townsend sa charge électrique négative ; il entreprit alors de multiples expériences sur les ions[1], qui devaient largement contribuer à établir définitivement la théorie atomique naissante, vivement controversée. Paul Langevin prit une part active à ces travaux. Et ce fut là le début d'une longue série de recherches qu'ensuite il poursuivit seul à la Sorbonne pendant plusieurs années, et qui aboutirent à la publication en 1902 d'une brillante thèse de doctorat sur l'ensemble des propriétés des ions gazeux. Cette thèse fut considérée comme un véritable modèle, tant pour la minutie d'expériences fort délicates réalisées avec les moyens peu précis dont on disposait alors, que pour l'analyse théorique approfondie qui en était déduite. Il est très remarquable que tous ces résultats soient restés valables au travers de tous les remaniements ultérieurs de la physique.


Le professeur au Collège de France

Dès avant la soutenance de sa thèse, âgé de trente ans à peine, Paul Langevin est désigné par Marcel Brillouin et par Joseph John Thomson à l'attention du professeur Mascart qui l'appelle à le suppléer au Collège de France — où il lui succèdera en 1909 dans la chaire de physique expérimentale. En cette maison de très haute culture, où tout enseignement porte

  1. Particules chargées résultant de la dissociation des atomes ou des molécules neutres sous l'effet de diverses actions électriques.