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JOURNÉE III, SCÈNE V.

fabio.

Maintenant, avec ces instructions, allons trouver don Félix… Malédiction sur la maison à deux portes, puisqu’elle garde si mal l’honneur !… (Aux valets.) Suivez-moi !

Ils sortent.

Scène V.

Une chambre.
Entrent DON FÉLIX et MARCELA, qu’il tient par la main ; et par une autre porte entrent LAURA et SILVIA.
don félix.

Holà ! qu’on apporte ici un flambeau !

herrera, du dehors.

Tout à l’heure ! j’y vais ! Il n’est pas facile de trouver de la lumière quand on n’y voit pas.

laura, bas, à Silvia.

Ils sont dans cette chambre. Écoutons-les.

don félix, à Marcela.

Ah ! ça, maintenant, ingrate, maintenant, du moins, vous ne pouvez plus me nier…

laura, bas, à Silvia.

Il parle à une femme.

don félix.

Non, vous ne pouvez plus me nier que vous soyez légère, inconstante, volage, trompeuse et perfide ; vous ne me nierez pas face à face que j’aie raison d’être jaloux !

marcela, à part.

Si je dis un mot, je suis perdue.

don félix.

C’est donc pour cela que vous êtes venue me voir ce matin ?

laura, bas, à Silvia.

Ce doit être la femme voilée, puisqu’il lui dit qu’elle est venue le voir ce matin.

don félix.

Vous êtes en mon pouvoir, à cette heure, et n’avez point d’excuse ! Ô maudit soit le temps où je vous ai aimée !… Maudites soient toutes mes peines et mes incertitudes ! Maudite soit la funeste crédulité de mon amour.

laura, bas, à Silvia.

Entends-tu ? il avoue qu’il l’a aimée. Que puis-je attendre encore ?

silvia, bas, à Laura.

Où allez-vous, madame ?

laura, de même.

Je ne sais. — Ah ! Silvia ! en quel trouble je suis ! — Je vais l’écouter de plus près.