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ii
NOTICE SUR CALDERON.

d’avoir atteint sa quatorzième année, il avait composé une comédie intitulée le Char du ciel (el Carro del cielo), qui, malheureusement, ne se retrouve plus parmi ses œuvres.

À cette époque, notre poète fut envoyé à l’université de Salamanque, alors appelée avec raison la Mère des sciences. À cette célèbre école s’étaient formés la plupart des hommes éminens de la génération précédente, Hurtado de Mendoza, Cervantes, etc., etc. Grâce à une facilité prodigieuse, Calderon apprit en se jouant toutes les sciences que l’on enseignait alors à la jeunesse espagnole : mathématiques, géographie, chronologie, histoire politique et sacrée, droit civil et canonique, philosophie, théologie, etc., etc. Ces graves études ne purent absorber tout entier cet esprit souple et vigoureux ; et à dix-neuf ans, lorsqu’il acheva ses cours, Calderon avait déjà fait représenter quelques ouvrages dramatiques sur les principaux théâtres de l’Espagne.

Au sortir de l’université, Calderon retourna à Madrid dans sa famille. Son biographe ne dit point comment il employa les années qui suivirent. Il est à croire qu’il fréquenta assidument les théâtres où se jouaient alors les pièces de Lope, et que lui-même il composa de nouvelles comédies : tout cela, un peu, sans doute, malgré les désirs de son père, qui, j’imagine, aurait voulu le faire entier au conseil des finances.

À vingt-cinq ans, entraîné comme Cervantes, comme Lope, par son inclination guerrière, il se fait soldat (c’était un titre que ne dédaignaient point les fils des plus nobles familles (3), et va passer dix années dans le Milanais et en Flandre. On voit par ses comédies qu’il étudia soigneusement et l’Italie et la littérature italienne. Plusieurs de ses pièces pourraient même donner à penser qu’il ne fut pas indifférent aux charmes de Milan et de Parme : et je ne serais pas étonné que, jeune et plein d’ardeur, il ait eu là quelques-unes des aventures qu’il a mises sur le compte de ses galans. En même temps il continuait d’écrire pour le théâtre ; et Lope, qui alors distribuait la gloire en Espagne comme chez nous Voltaire au xviiie siècle, et qui devait bientôt lui laisser le sceptre de la comédie (4), Lope, dans le Laurier d’Apollon, publié en 1630, le plaçait déjà au premier rang des poètes.

En 1636 (Lope était mort l’année précédente), Calderon revint en Espagne. Il y était appelé par le roi Philippe IV,