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JOURNÉE III, SCÈNE I.

flerida.

Moi, votre prisonnière ?

lisarda, à part.

Je tremble que tout ne s’éclaircisse.

le gouverneur.

Vous avez bien peu de mémoire. — Vous avez donc oublié la scène du jardin ?

flerida.

Non, seigneur, je ne me la rappelle que trop.

le gouverneur.

N’êtes-vous point revenue de là prisonnière ?

flerida.

Prisonnière ? non, seigneur, je me suis présentée chez vous de plein gré.

le gouverneur.

Quoi ! je ne vous ai point trouvée là moi-même ?

flerida.

Quoi ! je ne suis pas de moi-même venue ici ?

le gouverneur, à part.

Elle me mettrait en colère, si je ne considérais qu’elle est la fille de don Alfonse.

flerida, à Lisarda.

Ah ça, madame, expliquez-moi ce mystère.

lisarda.

Oui, vous êtes prisonnière, à telles enseignes que vous m’avez dit qu’on vous avait trouvée cachée dans une maison.

flerida.

Moi, je vous ai dit cela ? moi !

lisarda.

De qui l’aurais-je appris autrement ?

flerida.

Je n’y comprends rien, en vérité.

le gouverneur, à part.

Elle le nie encore ! (Haut.) Je vous laisse avec elle, ma fille… Pour Dieu ! remettez-la… Quant à moi, j’y perdrais la tête.

Il sort.
flerida, à Lisarda.

Voyons, dites, m’a-t-on amenée prisonnière ?

lisarda.

Non, ma bonne amie, c’était un badinage.

flerida.

Pourquoi me l’avez-vous soutenu alors ?

lisarda.

Pardonnez-le-moi, Laura, j’y ai été forcée. Je devais songer à moi.