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SUR LA MAGIE.

tromper les autres, & à les tromper peut-être eux-mêmes ; & que cette Magie aujourd’hui tant vantée n’eſt autre choſe qu’une pure chimere. Peut-être même ſeroit-ce ſe donner aujourd’hui une peine fort inutile, d’entreprendre de montrer que tout ce qu’on raconte de ces Hipogryphes[1] nocturnes, de ces prétendus voyages au travers des airs, de ces aſſemblées & de ces feſtins des Sorciers, n’eſt que vanité & pure imagination ; parce que ces fables détruites n’empêcheront point qu’il n’en reſte encore une infinité d’autres, qu’on a débitées & qui ſe ſont répandues ſur le même ſujet, & qui quoique plus folles & plus ridicules que tout ce que nous liſons d’extravagant dans les Romans, ſont d’autant plus dangereuſes, qu’elles ſe font croire plus facilement. Ce ſeroit, au ſentiment de bien des gens, faire trop d’honneur à ces ſortes de contes, de s’attacher à les réfuter ſérieuſément ; n’y ayant aujourd’hui perſonne, du moins en Italie, même parmi le peuple, pour peu qu’il ait de ſens commun, qui ne ſe moque de tout ce qui ſe dit du Sabbat, & de ces

  1. L’Auteur fait ici alluſion à l’Hipogryphe, cheval aîlé de l’invention de l’Arioſte, qui portoit les Paladins au travers des airs.