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LETTRE

troupes de Sorciers qui vont la nuit par les airs s’aſſembler dans des lieux écartés pour y danſer. Il eſt vrai que malgré cela pour peu qu’un homme accrédité, ſoit parmi les Sçavans, ſoit parmi les perſonnes conſtituées en dignité, ſoutienne un ſentiment, quel qu’extravagant qu’il ſoit, il trouvera auſſitôt des partiſans : on aura beau écrire ou parler au contraire, il n’en ſera pas moins ſuivi ; & il n’eſt gueres poſſible que les choſes ſoient autrement, tant il y a de têtes & de manieres de penſer différentes. Mais il ne s’agit ici que de l’opinion commune, & de ce que l’on croit le plus univerſellement. Mon deſſein n’eſt point de compoſer un Ouvrage exprès ſur la Magie, ni de m’étendre fort au long ſur cette matiére ; j’expoſerai ſeulement ici en peu de mots les raiſons qui m’obligent à m’en mocquer, & qui me font grandement pencher vers le ſentiment de ceux qui ne la regardent que comme une pure illuſion & une vraie chimere. Je ſuis bien-aiſe d’avertir d’abord, qu’on ne doit pas ſe laiſſer éblouir par la vérité des opérations magiques rapportées dans l’Ancien Teſtament, comme ſi de-là on pouvoit tirer un argument concluant pour prouver la réalité de la prétendue Magie de notre tems.