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peine avait-il le duvet aux lèvres qu’il colportait les Prunes, du salon de Mme Ancelot aux salons de Mélanie Waldor, et qu’il en recueillait non seulement les bravos des dames, mais tous les avantages inhérents à son genre de succès précoce, à sa nature de talent léger et facile. Son premier livre, ses Amoureuses parues en 1858, après une année seulement de son séjour à Paris furent célébrées par un feuilleton très élogieux d’Édouard Thierry, le critique le plus autorisé du journal officiel de l’Empire, du Moniteur Universel. Dans le même temps ses chroniques rimées, ses études ou ses nouvelles furent publiées par le Figaro littéraire et, privilège rare pour un débutant, rééditées aussitôt en volumes. Rien de ce qu’il produisait ne demeurait pour lui sans profits. Un de ses contes en vers reçut les honneurs d’une édition chez Poulet-Malassis. Sans négliger sa collaboration au Moniteur, à l’Illustration, au Monde illustré, qui ne laissaient pas moisir sa copie dans la poussière des cartons, si l’on en vient à son Théâtre, on constate qu’en 1865, c’est-à-dire à l’âge de vingt-cinq ans Daudet avait fait jouer trois pièces sur trois scènes officielles et qu’il avait retrouvé près du public accessible aux émotions faciles la suite de petits succès auxquels les Lettres de mon moulin allaient assurer un complet épanouissement.

Il ne faut pas les relire aujourd’hui ces fameuses Lettres, qu’il écrivit en collaboration avec Paul Arène et que plus tard il signa seul. Malgré la réussite assez complète d’une de ces jolies fadaises entre dix autres presque futiles, elles n’ont de saveur que par leur mousse méridionale et restent très éloignées de l’Art par tout ce qui s’en dégage de précieux et d’artificiel. Elles parurent cependant suffisamment parfumées de littérature pour que la célébrité les consacrât comme un bouquet de petits chefs-d’œuvre.

Et ce n’est pas tout, tandis que les Muses lui dispensaient leurs plus doux sourires, le jeune favori