Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/104

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la Villeurnoy[1] vint le matin, chez moi, me dire qu’il devait ce jour même conduire, au dîner public du roi et de la reine, la veuve Favras et son fils, en deuil l’un et l’autre de ce brave Français immolé pour son roi, et que tous les royalistes s’attendaient à voir la reine combler de ses bienfaits la famille de cet infortuné. Je fis tout ce qui dépendait de moi pour empêcher cette démarche ; je prévis l’effet qu’elle produirait sur le cœur sensible de la reine, et la contrainte douloureuse qu’elle éprouverait, ayant l’horrible Santerre, commandant de bataillon de la garde parisienne, derrière son fau-

    à peu près semblable, craignirent sans doute les effets de cette fureur. Les juges ayant refusé de faire entendre ses témoins à décharge, il les compara au tribunal de l’inquisition. La principale charge contre lui fut une lettre d’un M. de Foucault, qui lui demandait : Où sont vos troupes ? par quel côté entreront-elles à Paris ? je désirerais y être employé. Favras fut condamné à faire amende honorable devant la cathédrale, et à être pendu en place de Grève. Il entendit cet arrêt avec un calme admirable, et il dit à ses juges : « Je vous plains bien, si le témoignage de deux hommes vous suffit pour condamner. » Le rapporteur lui ayant dit : « Je n’ai d’autres consolations à vous donner que celles que vous offre la religion, » il répondit avec noblesse : « Mes plus grandes consolations sont celles que me donne mon innocence. » (Biographie universelle, ancienne et moderne, tome XIV, page 221.)

    (Note de l’édit.)

  1. M. de la Villeurnoy, maître des requêtes, fut déporté à Sinamary, lors de la journée du 18 fructidor, par le directoire exécutif, et y mourut.
    (Note de madame Campan.)